Le Journal d’Alain Dumait

Un autre regard sur la crise

La revanche du Front National

Posted by alaindumait sur 15/02/2010

Mon cher Maurice,

Tu me demande, mon cousin, comment il peut se faire que la droite qui a remporté l’élection présidentielle en 2007 pourrait perdre les élections régionales en 2010. Et même, être battue dans les 22 régions de la Métropole.

Il est vrai que, présentement, le président de la République n’est pas très populaire. Il dit que c’est à cause des réformes qu’il a engagées. Mais d’autres pensent que c’est à cause des réformes qu’il n’a pas engagées. Je ne sais qui a raison, mais je crois que, dans ce cas, les mécontentements s’additionnent.

Permets-moi de commencer par une considération que je qualifierais de technique.

Dans notre pays, chaque élection se fait avec des règles différentes. Les règles qui s’appliquent aux élections régionales du mois prochain sont donc différentes de celles qui s’appliquent à l’élection présidentielle, aux élections législatives, les élections départementales, municipales ou européennes. C’est comme ça. Nous préférerions les uns et les autres des règles simples et constantes, mais ceux qui nous gouvernent voient les choses autrement….

Dans l’histoire universelle des pays démocratiques, deux types de scrutin émergent : la proportionnelle et le système majoritaires à un tour. Le premier est plus juste quant à la représentativité, le second plus efficace pour former des majorités. Mais il n’y a qu’en France, mon cousin, où se pratique pour les prochaines régionales le scrutin de liste majoritaire, à la fois proportionnel et à deux tours.

La seule raison de ce système fort compliqué est d’essayer d’éliminer le Front National, qui ne pouvant s’allier avec personne au deuxième tour, ne peut espérer avoir que quelques élus isolés.

Cette stratégie dite du « front républicain » au deuxième tour assure le triomphe de la gauche. C’est avec 45% seulement des intentions de vote au deuxième tour qu’elle est actuellement créditée d’un possible grand chelem !

On me dira qu’en 2004 les choses s’étaient déjà passées ainsi, le RPR laissant 20 régions sur 22 à la gauche. Il faut dire que la droite de type Chirac avait une dette envers la gauche depuis 2002…

Sarkozy s’était fait élire en 2007 de façon un peu différente. Il avait su faire ce qu’il fallait pour séduire l’électorat du Front National. Que n’a-t-il assumer ce choix en optant pour des relations plus normales avec le FN. Les élections régionales se présenteraient moins mal pour lui…

Prendre les voix du Front National, avec un discours adapté et « sur mesure »,   était de bonne guerre. L’erreur fut de ne pas poursuivre cette stratégie au-delà de l’élection.

Car, dans ces conditions, on conçoit que la droite soit démobilisée. Et l’on ne voit pas que la gauche est séduite.

Il faut toujours respecter ses électeurs, quels qu’ils soient. Quand on se fait élire avec les électeurs du FN, il faut les respecter pendant toute la durée de la mandature. Sinon, les électeurs vous le font payer, et pas seulement ceux du FN !

Une Réponse to “La revanche du Front National”

  1. JPL said

    Je ne pense pas que le système politique français mérite le nom de « démocratie » à commencer par sa constitution où le législatif dépend de l’exécutif, où l’on ne sait pas où se trouve exactement la justice elle est selon les circonstances un Etat dans l’Etat (inadmissible) ou dépend de l’exécutif (encore inadmissible) alors qu’elle devrait tout bonnement répondre de ses actes devant le parlement et en dépendre directement ou faire l’objet d’élections au suffrage universel.
    Il en va de même des modes d’élections, sans cesse trafiqués, compliqués à souhait selon les circonstances pour que les partis « officiels » s’assurent la victoire. Ce système est assorti de l’impossibilité pour un parti nouveau d’émerger. En outre, les partis officiels se réservent la part du lion en matière de financements publics , ce qui est pour le moins contestable. Pourquoi par exemple mes impôts doivent, entre autres, financer le parti communiste où celui du petit facteur… Nomenclatura, Nomenclatura !
    Notre système politique s’apparente davantage un système totalitaire que démocratique.

    Le tout est détestable, les français de la génération des 30 glorieuses portent une lourde responsabilité pour avoir laissé faire et s’être consacrer uniquement à leur travail et occupations. Des turbulences politiques de l’époque on disait : « Ce n’est pas grave ! Ca ne durera pas ! Tout va bien ! Foutaise ! ».
    Bref maintenant nous récoltons et ce n’est pas fini !

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