Le Journal d’Alain Dumait

Un autre regard sur la crise

Archive for juin 2007

Nouveau César, Sarkozy doit tout aux médias

Posted by alaindumait sur 18/06/2007

texte de Jean-Yves  Le Gallou ) Apparemment, le 17 juin au soir, malgré un net retour du balancier vers la gauche, Nicolas Sarkozy et l’UMP ont encore toutes les cartes en mains : ils sont puissants et leurs adversaires sont désarticulés ou disloqués. Mais il leur faudra satisfaire les attentes de leurs électeurs, qui sont immenses et ambiguës, car, si le nouveau président a été élu sur la « rupture », de quelle rupture s’agit-il ? D’une rupture avec le système politiquement et syndicalement correct dominant ? Ou d’une rupture avec ce qui reste de France traditionnelle pour l’amener au modèle marchand et multiculturel anglo-saxon ?

Les risques de déception sont d’autant plus élevés que les marges de manœuvre sont étroites :

– Au plan financier, il est difficile d’accroître encore un déficit budgétaire annuel de 38 milliards d’euros ;
– Sur l’Europe, on pourra rapidement apprécier les limites sur la question de l’adhésion de la Turquie, pourtant régie par la règle de l’unanimité ;
– Au plan social, puisque le pouvoir syndical entend négocier chaque réforme pourtant déjà validée par les électeurs (comme le service minimum dans les transports publics) ;
– Au plan médiatique, puisque, si le soutien des grands patrons de presse semble acquis, il ne peut s’exercer que dans les limites du politiquement correct qui s’impose aux salles de rédactions ;
– Et même, au plan politique, puisque dans les faits les projets ne seront pas négociés avec les forces de la majorité puisqu’elles sont en état de soumission à l’Assemblée nationale mais avec l’opposition extra-parlementaire des « partenaires sociaux » et des lobbies associatifs de gauche ou d’extrême gauche.

Il sera donc plus facile de faire passer des lois d’apparence, des textes d’ajustement, des dispositifs cosmétiques ou des projets paillettes, que des lois fondatrices changeant réellement la donne : ainsi la future loi Hortefeux sur l’immigration, troisième ravaudage en quatre ans de l’ordonnance de 1945 sur le séjour des étrangers, a peu de chances d’apporter des changements réellement significatifs à un texte déjà modifié des dizaines de fois depuis 1975.

Ce « gradualisme négocié » permettra-t-il de traiter les problèmes ? Sûrement pas à la hauteur des enjeux. Suffira-t-il à satisfaire les électeurs ? La réponse n’est pas évidente : il n’est pas impossible que les Français puissent se contenter d’une prise en charge médiatique et virtuelle de leurs préoccupations. En revanche, ils toléreraient sans doute mal une reculade en cas de crise majeure.

Dans l’instant présent le paysage politique paraît bouleversé. Mais depuis cinq ans il a été tourneboulé à chaque échéance. Par le jeu des effets de mode, de l’instantanéité médiatique et de l’abstention différentielle, l’électorat est comme une cargaison désarrimée passant brutalement de bâbord à tribord. Il faut comparer le « choc du 6 mai » aux chocs précédents : 21 avril 2002, Le Pen au 2e tour de l’élection présidentielle ; 5 mai 2002, Chirac élu avec 82 % des voix ; juin 2002, très large majorité UMP à l’Assemblée nationale ; mars 2004, toutes les régions sauf l’Alsace conquises par le PS et la gauche ; 29 mai 2005, majorité pour le Non au référendum sur la constitution européenne ; 22 avril 2007, plus de 70 % de suffrages se portant sur les trois principaux candidats qui avaient défendu le “Oui” à la constitution européenne…

Ces grands mouvements de balancier s’expliquent doublement : d’abord, par les déceptions successives qui conduisent à s’abstenir ; ensuite, par la recherche, à chaque fois, d’une nouvelle formule « à essayer ». Ce qui prévaut, c’est la logique du choix politique jetable… Bref, rien ne prouve que le succès de mai/juin 2007 soit durable…

Cette stratégie – risquée – d’exposition sinon d’activisme médiatique, a servi Nicolas Sarkozy dans son ascension vers le pouvoir. Mais, arrivé au faîte, une telle concentration comporte des risques pratiques. À la première crise (troisième tour social ou troisième tour ethnique…) le président jouera son va-tout.

C’est peut-être là que réside la principale incertitude politique pour la France : ce décalage entre un pouvoir puissant, mais précaire, et l’absence de toute force d’alternative crédible.
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Ce texte est entièrement emprunté, avec son accord, à Jean-Yves  Le Gallou. Il est disponible dans son intégralité sur le site <Polemia.com>. Il a pour point de départ un débat organisé le 12 juin sur Radio Courtoisie, dans « le libre journal des contribuables » animé par Benoîte Taffin.

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Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé de rupture

Posted by alaindumait sur 13/06/2007

L’histoire politique récente de la France n’indique pas que celle-ci est mieux gouvernée quand l’exécutif dispose au Parlement d’une majorité pléthorique, avec une opposition réduite à sa plus simple expression, au contraire. Ni la législature 1968-1973, ni celle qui siégea entre 1993 et 1997, n’a brillé par ses résultats. Quant à la majorité absolue qui entra au Palais Bourbon en 1981, elle mit, certes, en œuvre les promesses du candidat François Mitterrand, mais ce fut, largement, pour le malheur de notre pays.

Car s’il faut une majorité à un gouvernement, encore faut-il que celui-ci, avec celle-là, s’engage résolument dans la bonne direction. En 1995, Jacques Chirac et son Premier ministre Alain Juppé disposent d’une majorité confortable. Ils prennent d’emblée les mauvaises décisions, notamment en décidant d’augmenter massivement les impôts (deux points de TVA, « à titre provisoire », que nous payons toujours…) et, deux ans plus tard, le chef de l’État, conseillé par Dominique de Villepin, croit intelligent de procéder à une dissolution…

Nicolas Sarkozy a préféré réduire les prélèvements. Pour un total de l’ordre de 15 milliards d’euros, prix à payer par le Trésor public, pour les trois décisions immédiatement mises en œuvre, à savoir la défiscalisation des heures supplémentaires, la déduction des intérêts d’emprunt pour les prêts immobiliers liés à une résidence principale et la réduction des droits de succession. 
C’est évidemment mieux que ce que fit son prédécesseur, il y a douze ans. Mais c’est aussi une façon de ne pas s’engager dans la seule politique susceptible de redresser rapidement la compétitivité de la France : une réduction forte et immédiate de la dépense publique, seule recette partagée par tous les pays qui ont su retrouver rapidement le chemin de la prospérité depuis dix ans (cf. les exemples de l’Irlande et du Canada).

François Fillon a indiqué que le budget pour 2008 serait rigoureux. Sans doute comportera-t-il des réductions d’effectif dans la fonction publique, conformément à l’engagement du candidat Sarkozy de ne renouveler qu’un poste de fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Mais on est très loin du volontarisme d’un pays comme le Portugal qui vient d’annoncer une réduction de 40 % des effectifs de l’ensemble de sa fonction publique…
Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé de rupture. Les politologues sont unanimes à considérer que c’est sur ce thème qu’il a bâti son succès. L’histoire dira, très vite, s’il s’est contenté de dire la chose pour ne pas la faire ou bien s’il la fait vraiment.

Depuis trente ans, notre pays a été gouverné quinze ans par des gouvernements de droite et quinze ans par des gouvernements de gauche. Le funeste héritage résultant de cette période est à mettre à la charge des uns et des autres. C’est si vrai que si je vous dis « taxation des plus-values », « ISF », « CSG », « CRDS », ou bien encore « RMI », « CMU », « AME », « 35 heures »… peu nombreux seront ceux capables d’attribuer soit à la droite soit à la gauche ces redoutables innovations. La rupture consisterait évidemment à rompre avec tout cet héritage qui a fait reculer la France. À noter : il y a évidemment un parallélisme parfait entre le nombre des impôts, le total des prélèvements publics obligatoires d’une part, et les dépenses publiques en particulier celles qui sont liées à un « effort » social, qui tourne à la ruine. Nouveaux impôts, nouveaux droits sociaux, c’est tout un !

L’élargissement de la majorité présidentielle à un certain nombre de technocrates ou de figures parisiennes familières des médias est peut-être un bon coup politique. Il n’est pas sûr qu’il facilite la mise en place d’une nouvelle politique économique allant dans le sens d’un plan de modernisation dont le pays a besoin. Sans doute même au contraire !

Avec François Fillon et Jean-Louis Borloo, le président de la République croit pouvoir relancer la croissance économique et ainsi, à moyen terme, réduire les déficits et la dette, avec une politique néo-keynésienne,
 inspirée peut-être de celle que mit en œuvre au début des années quatre-vingt le Président Reagan. Mais la comparaison ne vaut pas. Les temps ont changé. Les États-Unis étaient et sont toujours maîtres de leur dollar. Et « l’économie de l’offre » s’appuyait sur une population de capitalistes et d’entrepreneurs effectivement prêts à créer immédiatement de nouveaux emplois et de nouvelles richesses.

Nicolas Sarkozy parle de faire de la France un pays de propriétaires fonciers. Il serait mieux inspiré de se faire le chantre de l’entreprise.

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Avec nous, entretenez le débat à droite

Posted by alaindumait sur 06/06/2007

Nicolas Sarkozy connaît personnellement à peu près tous les patrons de presse, tous les directeurs de journaux, de radios et de télévisions. Il est capable d’appeler par leur nom, voire leur prénom, la quasi-totalité des journalistes politiques. Il fait la bise à toutes nos consœurs…
On pouvait en dire autant, à peu près, de tous ses prédécesseurs, y compris du Général de Gaulle qui ne manquait pas, au moins une fois par an, de recevoir, un par un, les patrons de la presse quotidienne de province.

Notre nouveau chef de l’État y ajoute son style personnel, encore plus démonstratif que celui de Jacques Chirac. En outre, il est de la même génération qu’Arnaud Lagardère ou Martin Bouygues…

Il ne faut pas confondre patrons de presse et rédactions. Aussi bien Robert Hersant que Jimmy Goldsmith, le premier au « Figaro », le second à « L’Express », ont pu mesurer combien il était difficile de modeler une rédaction à sa main.

Un patron de presse partage le pouvoir avec sa rédaction, ses syndicats (celui du livre et ceux des journalistes). Il est un peu dans la même situation qu’un président de la SNCF ou un ministre de l’Éducation nationale : dans les faits, il cogère avec les syndicats.

Comme nous l’exposons dans notre éditorial de première page, il faut distinguer la presse libre, et celle qui ne l’est pas car elle est la propriété de groupes dont les intérêts sont principalement ailleurs.

En France, la presse libre, depuis trente ans, s’est réduite comme une peau de chagrin. Tous les grands médias dominants appartiennent à des groupes financiers qui font l’essentiel de leurs profits dans d’autres activités. L’indépendance rédactionnelle est le cadet de leurs soucis.

Quelques médias, quand même font exception. Des journaux comme « Le Canard enchaîné » et « Marianne » sont certainement indépendants.

Et beaucoup d’autres journaux, également indépendants, sont clairement « à droite ». Mais, à ce jour, notre journal, « Les 4 Vérités Hebdo », est le seul à être à la fois indépendants, de droite, et ouvert à une diversité de points de vue.

Le débat à droite, c’est ici et nulle part ailleurs.

Très souvent, dans le passé, nos colonnes ont offert à la droite la seule tribune de débat. Ce fut le cas à l’occasion de la guerre contre la Serbie, ou encore la guerre en Irak.

Au plan de la politique intérieure, nous donnons la parole à des partisans des différentes familles de la droite française, du Front national à l’UMP.

Aujourd’hui, un débat – dont les autres journaux ne rendent pas compte – commence à prendre une certaine ampleur : « Nicolas Sarkozy a-t-il bien ou mal commencé son mandat ? » Plusieurs lecteurs, dans ces colonnes, donnent leur avis. Ce débat continuera sans doute quelques semaines ou plusieurs mois. Une fois encore, le débat à droite sera largement dans nos colonnes. Et pas ailleurs.

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