Le Journal d’Alain Dumait

Un autre regard sur la crise

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Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé de rupture

Posted by alaindumait sur 13/06/2007

L’histoire politique récente de la France n’indique pas que celle-ci est mieux gouvernée quand l’exécutif dispose au Parlement d’une majorité pléthorique, avec une opposition réduite à sa plus simple expression, au contraire. Ni la législature 1968-1973, ni celle qui siégea entre 1993 et 1997, n’a brillé par ses résultats. Quant à la majorité absolue qui entra au Palais Bourbon en 1981, elle mit, certes, en œuvre les promesses du candidat François Mitterrand, mais ce fut, largement, pour le malheur de notre pays.

Car s’il faut une majorité à un gouvernement, encore faut-il que celui-ci, avec celle-là, s’engage résolument dans la bonne direction. En 1995, Jacques Chirac et son Premier ministre Alain Juppé disposent d’une majorité confortable. Ils prennent d’emblée les mauvaises décisions, notamment en décidant d’augmenter massivement les impôts (deux points de TVA, « à titre provisoire », que nous payons toujours…) et, deux ans plus tard, le chef de l’État, conseillé par Dominique de Villepin, croit intelligent de procéder à une dissolution…

Nicolas Sarkozy a préféré réduire les prélèvements. Pour un total de l’ordre de 15 milliards d’euros, prix à payer par le Trésor public, pour les trois décisions immédiatement mises en œuvre, à savoir la défiscalisation des heures supplémentaires, la déduction des intérêts d’emprunt pour les prêts immobiliers liés à une résidence principale et la réduction des droits de succession. 
C’est évidemment mieux que ce que fit son prédécesseur, il y a douze ans. Mais c’est aussi une façon de ne pas s’engager dans la seule politique susceptible de redresser rapidement la compétitivité de la France : une réduction forte et immédiate de la dépense publique, seule recette partagée par tous les pays qui ont su retrouver rapidement le chemin de la prospérité depuis dix ans (cf. les exemples de l’Irlande et du Canada).

François Fillon a indiqué que le budget pour 2008 serait rigoureux. Sans doute comportera-t-il des réductions d’effectif dans la fonction publique, conformément à l’engagement du candidat Sarkozy de ne renouveler qu’un poste de fonctionnaire sur deux partant à la retraite. Mais on est très loin du volontarisme d’un pays comme le Portugal qui vient d’annoncer une réduction de 40 % des effectifs de l’ensemble de sa fonction publique…
Nicolas Sarkozy a beaucoup parlé de rupture. Les politologues sont unanimes à considérer que c’est sur ce thème qu’il a bâti son succès. L’histoire dira, très vite, s’il s’est contenté de dire la chose pour ne pas la faire ou bien s’il la fait vraiment.

Depuis trente ans, notre pays a été gouverné quinze ans par des gouvernements de droite et quinze ans par des gouvernements de gauche. Le funeste héritage résultant de cette période est à mettre à la charge des uns et des autres. C’est si vrai que si je vous dis « taxation des plus-values », « ISF », « CSG », « CRDS », ou bien encore « RMI », « CMU », « AME », « 35 heures »… peu nombreux seront ceux capables d’attribuer soit à la droite soit à la gauche ces redoutables innovations. La rupture consisterait évidemment à rompre avec tout cet héritage qui a fait reculer la France. À noter : il y a évidemment un parallélisme parfait entre le nombre des impôts, le total des prélèvements publics obligatoires d’une part, et les dépenses publiques en particulier celles qui sont liées à un « effort » social, qui tourne à la ruine. Nouveaux impôts, nouveaux droits sociaux, c’est tout un !

L’élargissement de la majorité présidentielle à un certain nombre de technocrates ou de figures parisiennes familières des médias est peut-être un bon coup politique. Il n’est pas sûr qu’il facilite la mise en place d’une nouvelle politique économique allant dans le sens d’un plan de modernisation dont le pays a besoin. Sans doute même au contraire !

Avec François Fillon et Jean-Louis Borloo, le président de la République croit pouvoir relancer la croissance économique et ainsi, à moyen terme, réduire les déficits et la dette, avec une politique néo-keynésienne,
 inspirée peut-être de celle que mit en œuvre au début des années quatre-vingt le Président Reagan. Mais la comparaison ne vaut pas. Les temps ont changé. Les États-Unis étaient et sont toujours maîtres de leur dollar. Et « l’économie de l’offre » s’appuyait sur une population de capitalistes et d’entrepreneurs effectivement prêts à créer immédiatement de nouveaux emplois et de nouvelles richesses.

Nicolas Sarkozy parle de faire de la France un pays de propriétaires fonciers. Il serait mieux inspiré de se faire le chantre de l’entreprise.

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