Le Journal d’Alain Dumait

Un autre regard sur la crise

Archive for janvier 2007

Nouvelles perspectives de « l’entente à droite »

Posted by alaindumait sur 26/01/2007

Le cadre institutionnel de ces élections présidentielles de 2007 est, à un poil près, le même qu’en 2002. Les deux seuls changements concernent d’une part la période laissée aux candidats pour récolter les 500 signatures de parrainages qui leur sont nécessaires pour pouvoir être enregistrés par le Conseil constitutionnel, qui passe de trois à quatre semaines, et, d’autre part, l’affichage des dits parrainages, qui ne portera plus désormais sur la totalité de ceux-ci, mais seulement sur 500, tirés au sort. Le premier est favorable à tous les candidats. Le second est neutre, sauf pour le seul candidat ostracisé par les médias, Jean Marie Le Pen, qui avait demandé l’anonymat des parrainages.

L’état de l’opinion, tel qu’il est mesuré par les sondages, est très différent. L’adage longtemps en vigueur selon lequel « au premier tour on choisit et au second tour on élimine » n’a plus cours. Tout se passe comme si, à douze semaines du premier tour, on était déjà dans une campagne de second tour : trois candidats seulement ont des chances sérieuses, en terme d’intentions de vote, d’accéder au second tour, à savoir Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et Jean-Marie Le Pen, et les électeurs en tiennent compte d’ores et déjà.

Au plan pratique, à ce jour seuls quatre candidats – Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy, François Bayrou et Marie-Georges Buffet – sont assurés de recueillir les fameuses signatures de parrainage. Et Jean-Marie Le Pen semble encore assez loin de les obtenir, ce qui n’est rien d’autre qu’un déni de démocratie !

Jusqu’au 14 janvier 2007, et le meeting UMP d’investiture de Nicolas Sarkozy, porte de Versailles à Paris, Ségolène Royal tenait la corde. C’était normal : elle était, et est toujours, la favorite des médias, compte tenu du fait qu’au moins 85 % des journalistes de ce pays votent à gauche, quand ils n’ont pas en poche une carte de parti, de préférence à la gauche de la gauche. Et elle avait, elle a toujours, « une bonne image », n’ayant pas hésité d’ailleurs, pour l’améliorer, à avoir recours l’été dernier à la chirurgie esthétique (afin d’effacer semble-t-il ce que les orthodontistes appellent une rétro-alvéolie). 
Mais si les médias « font » souvent les candidats, ils ne modifient pas pour autant l’opinion publique, qui, dans ses profondeurs – comme nous ne cessons de le dire dans ces colonnes – demeure majoritairement « à droite », dans une proportion qui est, sur le long terme, de l’ordre de 55/45 (55 % pour la droite et 45 % pour la gauche). Du coup les sondages actuels qui donnent Sarkozy gagnant à 52 % contre Royal à 48 % me paraissent tout à fait crédibles. Cependant les jeux sont loin d’être faits.

Sarkozy tire profit de s’être lui-même présenté comme un homme « de droite ». Malgré de nombreuses transgressions idéologiques, comme le sinistre « droit au logement opposable », il demeure, pour le plus grand nombre des électeurs, un homme de droite, tout simplement parce qu’il se dit tel, et aussi parce que ses adversaires croient malin de le dire « ultra-libéral », ce qui est à la fois faux et bête, et excellent pour lui. Du coup, les électeurs qui se déclarent favorables à Le Pen au premier tour seraient cinq fois plus nombreux à voter au deuxième tour pour Sarkozy que pour Royal.

Il n’est pas sûr qu’on revoie le scénario du 21 avril 2002 : tout indique même pour l’instant, que Jean-Marie Le Pen n’est que le troisième homme. Mais tout indique aussi que, loin de régresser, le Front National et ses idées continuent à progresser dans l’opinion car nos concitoyens, en leur fors intérieur, ne font confiance en majorité ni à l’un ni à l’autre des deux candidats de gouvernements.

Pour ma part j’aurai pu voter dès le premier tour pour Nicolas Sarkozy. Le thème de la rupture d’avec les années Chirac qu’il a adopté me convenait. Encore eût-il fallu qu’il soit conséquent dans ses propositions, afin de mettre vraiment un terme au fiscalisme, et aussi dans le choix des hommes qui l’entourent, et qui sont tous issus soit des régiments chiraquiens, soit de la société du spectacle la plus délétère…
Dans ces conditions je crois que je vais voter cette fois encore pour Jean-Marie Le Pen, s’il obtient les parrainages dont il a besoin, et que j’aimerai, si je le pouvais, contribuer à lui apporter.

N’oublions pas qu’après les présidentielles il y aura les législatives. Les cas où le Front National aura un candidat bien placé après le 1er tour seront, je le pense, encore plus nombreux qu’en 1995. Sarkozy ne pourra pas, comme l’avait fait Chirac, appeler à voter pour la gauche au nom d’un « front républicain ». C’est alors qu’une nouvelle « entente à droite » sera à nouveau possible.

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Le faux droit au logement nous conduit au vrai goulag

Posted by alaindumait sur 04/01/2007

C’est un fait indiscutable : beaucoup de nos concitoyens sont mal logés ou même n’arrivent pas à se loger du tout. Quelque 100 000, peut-être même 200 000 personnes, dorment chaque soir soit dans les rues, soit dans des foyers d’accueil à caractère précaire.

Il s’agit-là, bel et bien, d’un scandale national ! Encore qu’il faille distinguer : les mal logés sont victimes d’une mauvaise politique publique, tandis que les sans domicile fixes, pour une part au moins, sont avant tout victimes d’une forme ou une autre de déchéance individuelle. C’est si vrai qu’il y a encore quelques dizaines d’années, c’était dans les hôpitaux, et non pas dans quelque forme de foyer que ce soit, qu’on envoyait les mendiants ramassés par la police sur la voie publique…

Focalisons-nous donc sur la question du logement social. D’une façon ou d’une autre, cette politique est mise en œuvre depuis plus d’un siècle : c’est en 1894 qu’une loi institue les premières « habitations à bon marché » (HBM), précurseur de nos fameuses HLM. D’emblée, l’idée est de faire échapper le logement à la logique du marché capitaliste : les logements pour les ouvriers ne seront pas construits en vue d’une rentabilité mais sur des critères extra-économiques. Rapidement, une partie de l’épargne nationale est détournée au profit du logement social via le livret A des caisses d’épargne et l’activité de la Caisse des dépôts. Depuis lors, la ségrégation entre un secteur dit social et un secteur soi-disant libre n’a fait que s’accentuer.

Il est passionnant de suivre pas à pas l’évolution de la collectivisation de ce secteur de l’économie. Dans le cadre de cette courte chronique, je me contenterai de renvoyer ceux qui veulent approfondir la question à l’ouvrage toujours d’actualité publié (aux PUF) en 1992 par Georges Mesmin, alors député UDF de Paris, mais aussi ancien conseiller technique au cabinet de Pierre Sudreau, fameux ministre de la construction.

Une action publique doit se juger à ses fruits. Ceux de la politique dite de logement social sont lamentables, un échec sur toute la ligne ! Plusieurs millions de Français, en particulier ceux qui sont logés dans ce parc dit social, peuvent en témoigner, et d’ailleurs en témoignent quotidiennement, de différentes façons, y compris en brûlant quelque 40 000 véhicules en 2006 (faits concentrés, comme par hasard, dans les cités de logements « sociaux »…).

La cause de cet échec réside tout entière dans une erreur économique. Contrairement à ce qui est ressassé, le logement n’est pas un bien différent des autres. Il est simplement particulier, comme tout bien économique. Et pour le produire en quantité, au meilleur prix possible, il faut non pas entraver mais favoriser les règles concurrentielles de marché. Il faut en particulier non pas empêcher de construire mais le permettre. Or, la réalité, tout particulièrement depuis quinze ans, c’est qu’on empêche les Français de construire. Comment dire les choses autrement quand le prix des terrains à bâtir, à 50 km de Paris, ont été multipliés par un facteur de cinq ou six, sous le seul effet de réglementations malthusiennes ?

En France, 50 % des familles sont propriétaires de leur logement. Mais c’est 80 %, voire 85 % dans beaucoup d’autres pays européens. Car, contrairement à ce que nous enseigne la mythologie marxiste, la propriété immobilière est particulièrement adaptée aux catégories sociales modestes. Si on pouvait construire, à 50 km de Paris, sur des terrains à bâtir valant 15 000 ou 20 000 euros et non pas 100 000, quelle famille pourrait soutenir qu’elle n’a pas, même en région parisienne, une solution de marché à portée de sa main ?
En outre, comme toujours quand on enfreint les lois du marché, toutes sortes de dérives se développent, qui commencent par le clientélisme et aboutissent finalement à des injustices de plus en plus criantes.

Sans s’en laisser compter par les médias aux ordres de l’extrême gauche, un homme s’affichant de droite comme Nicolas Sarkozy devrait partir d’un bilan honnête d’un siècle de politique du logement social, fournir une explication à cet échec, aussi monumental que celui de l’agriculture soviétique, et avancer des solutions résolument novatrices, c’est-à-dire non malthusiennes.

Au lieu de quoi, il nous emmène sur le terrain d’un « droit au logement opposable ». Ce qui revient à présenter comme un progrès un pas fait… vers l’abîme. Décidément, les technocrates ont ceci en commun avec les socialistes que la seule solution qu’ils trouvent pour remédier aux maux qu’ils ont eux-mêmes suscités est de renforcer encore et encore les mêmes politiques néfastes…

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