On peut supposer que le choix du 6 mai est assez simple pour 57 % des électeurs qui, le 22 avril, se sont prononcés soit pour Nicolas Sarkozy, soit pour Ségolène Royal. Il est encore assez simple pour les électeurs des sept autres candidats, totalisant ensemble 13 % des suffrages qui, dès le dimanche soir ou dans les jours qui ont suivi, se sont clairement prononcés pour l’un ou l’autre des deux champions. Ce sont donc les électeurs de François Bayrou, de Jean-Marie Le Pen et de Frédéric Nihous qui, au total, représentent 30 % des suffrages exprimés, qui vont faire la différence.
Ayant voté, en ce qui me concerne, au premier tour, pour Jean-Marie Le Pen, je comprends fort bien les réticences de ceux qui, ayant fait le même choix, ont du mal à se résoudre à voter pour Nicolas Sarkozy. Son message, malgré son évidente sincérité et son indéniable ardeur, manque encore de clarté, notamment sur deux points essentiels : le recul de l’État-providence et l’immigration.
Son leitmotiv sur la valeur du travail et donc, en creux, sa dénonciation de l’assistanat, de la paresse qu’elle entraîne, serait parfait si, par ailleurs, il ne promettait pas « de grandes politiques de solidarité » (n° 14 de son programme en quinze points). D’ailleurs, ce programme, résumé à l’essentiel dans l’esprit de son auteur, n’évoque ni la dette publique, ni le déficit budgétaire, ni l’excès de la dépense publique.
Il ose parler de l’immigration. Fort bien. Mais cela n’arrive qu’en treizième position de son programme, où il n’est question que d’une vague « maîtrise ». Cela n’est évidemment pas à la mesure de la dimension du problème. Alors que l’ex-ministre de l’Intérieur a évidemment en mains toutes les données qui démontrent d’une part que l’invasion immigrationniste, loin de se réduire ou de se stabiliser, progresse fortement, tandis que les zones de non-droit s’étendent parallèlement.
Il parle de « rupture » car, en homme de terrain, sachant écouter et comprendre, il sait qu’une grande majorité des Français est tout simplement mécontente, voire furieuse de la façon dont elle a été gouvernée depuis trente ans, quinze ans par la gauche, quinze ans par la droite, et donc, de ce fait, en quasi-révolte contre une classe politique qui s’est servie plutôt qu’elle a servi. Mais, dimanche dernier, à Bercy, ce sont les hiérarques de ce système, auxquels s’étaient mêlés quelques spécimens de notre classe parlante qui applaudissaient à cette « rupture ». Ce qui laisse planer un doute sérieux sur la chose, tant on sait bien que souvent, en politique, dire la chose, c’est se dispenser de la faire…
Pour ceux qui renverront dos-à-dos les deux candidats finalistes, ils ont le recours à l’abstention ou au vote blanc. Il est dommage que ce dernier ne soit pas comptabilisé expressément. Le droit de vote inclut celui de ne pas aller voter ou d’y aller pour mettre un bulletin nul ou blanc.
Mais je crois que ce n’est pas le bon choix. Pour insuffisantes, très insuffisantes, que soient les propositions de Nicolas Sarkozy, elles sont nettement supérieures et préférables à celles avancées par Ségolène Royal.
Prenons l’exemple de l’État-providence. La candidate socialiste a en tête de l’étendre encore plus. Les syndicats de salariés, qui ne représentent qu’eux-mêmes, écriront les lois sociales. Les 35 heures seront réaffirmées, tous les minimas sociaux seront augmentés, et pour fêter la victoire, le funeste Smic sera revalorisé de 20 %. Nicolas Sarkozy ne promet certainement pas le démantèlement pourtant inéluctable de l’État-providence (le principal aspirateur de l’immigration, la raison pour laquelle elle vient chez nous plutôt qu’ailleurs). Mais au moins, est-il plus raisonnable.
Il y a en France un lobby immigrationniste. Il rassemble aussi bien des intellectuels droit-de-l’hommistes dévoyés que des travailleurs sociaux stipendiés (puisqu’ils vivent de subventions publiques). Il s’appuie évidemment sur une partie importante de la population d’origine immigrée, en particulier ses éléments les plus décidés à ne jamais s’intégrer à la nation française. Ce lobby a voté en masse pour la candidate du PS qui, lors de ses déplacements en dehors des beaux quartiers, était systématiquement entourée de foules en boubous et en djellabas. Là encore, Nicolas Sarkozy est un candidat plus sérieux.
Il m’est arrivé à plusieurs reprises de le rencontrer et de parler avec lui. Il accepte toujours le débat. Il est direct et convaincu. Il est honnête et passionné. C’est sans hésitation que, dimanche prochain, je vais mettre dans l’urne un bulletin Nicolas Sarkozy.