Le Journal d’Alain Dumait

Un autre regard sur la crise

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Rapport Attali : plus nuisible qu’utile !…

Posted by alaindumait sur 30/01/2008

Le rapport de la Commission présidée par Jacques Attali, sur la « libération de la croissance française », pour intéressant qu’il soit (mais moins que deux autres rapports précédents établis par les Commissions présidées par Michel Pebereau et Michel Camdessus), n’en est pas moins globalement nuisible.

Il est tout à fait possible que la déréglementation de certaines professions, comme les notaires, les taxis ou les coiffeurs, permettrait non seulement de gagner quelques fractions de point de croissance mais également, d’améliorer – car finalement, c’est ce qui compte – la vie quotidienne des Français. Le rapport Rueff-Armand (1959) faisait déjà le même constat. Cela n’a pas empêché le pays de se transformer globalement considérablement, mais cela en dit long, en effet, sur le poids du conservatisme dans notre pays…

De la même manière, le bilan tiré par l’aéropage de la Commission Attali de la politique suivie depuis plus de trente ans dans le domaine de l’urbanisme commercial, et d’une soi-disant politique de soutien au commerce de proximité, avec les lois dites « Royer » (1974) puis, « Galland » et « Raffarin », est sans doute pertinent. En l’absence de ces dispositifs – également sources d’une corruption massive… – il n’est pas sûr que le petit commerce serait moins bien représenté aujourd’hui dans le panier de la ménagère.

Mais, ni les professions réglementées ni les lois encadrant la distribution, ne peuvent sérieusement être tenues pour principales responsables des freins à la croissance. Ceux-ci sont ailleurs, évidents comme le nez au milieu de la figure, et d’ailleurs admis par tout un chacun (sauf, apparemment, quelques membres de la Commission Attali…) : l’accumulation des déficits publics, qui pompe l’épargne des Français ; l’excès de la dépense publique, qui capte leurs revenus ; l’hypertrophie de la sphère publique, qui rabougrit l’économie libre, seule créatrice de richesses.

Non pas que le document publié par la Commission Attali ignore ces vérités premières. Le pouvait-elle ? Mais en ne mettant pas en tête de ses propositions (drôlement appelées « décisions ») quelques fortes recommandations touchant à cet essentiel, et en y plaçant, au contraire, des préconisations fumeuses, on peut dire qu’il tombe à côté de la plaque. Et, plus grave, il donne à nos gouvernants et en particulier à Nicolas Sarkozy l’illusion qu’il pourrait retrouver des marges de manœuvre et de la croissance, sans s’atteler à ce qui est leur devoir, à savoir la remise en cause des principes de l’administration publique de notre économie.

Pour preuve : la Commission a mis en tête de son rapport vingt de ces 316 propositions qu’elle juge « fondamentales ». Celle sur la réduction de la dépense publique arrive en vingtième position. Elle est d’ailleurs présentée de façon elliptique. Et elle est de toute façon très insuffisante. Elle n’évoque qu’une réduction de 1 %, chaque année, de la part de la dépense publique dans le Produit intérieur brut, actuellement comprise entre 53 et 54 %…

Par contre, dans le même temps, beaucoup de propositions aboutiraient soit à conforter soit à accroître la sphère publique. Conforter, par exemple en ce qui concerne le domaine de la santé publique, dont l’encadrement des dépenses serait principalement comptable. Accroître encore la sphère publique, en particulier dans le domaine du logement.

Dans ces deux domaines, le rapport Attali colle parfaitement à l’idéologie dominante française, celle que partagent au moins nos dirigeants autoproclamés, aussi bien politiciens, haut fonctionnaires, syndicalistes que journalistes, à savoir : ce n’est pas parce qu’une politique a fait la preuve de son inanité (sécurité sociale, logement social…) qu’elle est mauvaise… Il faut et il suffit de la présenter autrement. Et si possible accroître les moyens mis à sa disposition. 

S’agissant de l’éducation nationale (« décision fondamentale 1 »), la Commission Attali développe exactement ce type de raisonnement en disant : « Se donner les moyens pour que tout élève maîtrise avant la fin de la 6e le français, la lecture, l’écriture, le calcul, le travail de groupe, l’anglais et l’informatique ».

Car, selon la fausse idéologie française, les dysfonctionnements auraient toujours pour origine une insuffisance de moyens ! C’est le fil conducteur de ce document qui, tout compte fait, et pour cette raison, est beaucoup plus nuisible qu’utile.

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