Le Journal d’Alain Dumait

Un autre regard sur la crise

Archive for mars 2008

Nicolas Sarkozy va devoir se battre le dos au mur.

Posted by alaindumait sur 19/03/2008

Ayant pris connaissance des premières estimations des résultats du deuxième tour des élections municipales dès le dimanche 16 en début d’après-midi, le Président de la République a pris une première décision, celle de reprendre d’une main ferme les rênes de l’UMP pour en faire un parti encore plus présidentiel.

C’est lui qui a dicté au Premier ministre une courte note qui, ensuite, a été transmise à tous les intervenants du parti invités à s’exprimer dans les médias. C’est le message qui a été répété à l’identique par chacun : « Les Français nous ont demandé de poursuivre les réformes, d’en accélérer le rythme, pour obtenir, si possible, des résultats plus rapides ».

Cette unanimité visiblement artificielle dans les commentaires de l’événement avait quelque chose de soviétique. Et il fallait un certain culot pour croire à un tel message, même si, par ailleurs, interrogée par différents instituts de sondages, il est exact que l’opinion publique française n’est certainement pas hostile à l’idée même de la réforme, considérant, à juste titre, qu’il n’y aura pas de changement positif durable dans la situation économique du pays sans réforme.

Mais la première leçon de ce scrutin, évidente comme le nez au milieu de la figure, c’est le véritable raz-de-marée dont la gauche socialiste a bénéficié les 9 et 16 mars. La perte pour la droite de villes réputées aussi ancrées à droite que Metz, Caen ou Reims est emblématique.

Permettez-moi une observation plus personnelle. En 1983, j’étais candidat tête de liste dans le IIe arrondissement de Paris, sous les couleurs de Jacques Chirac. Nous avons fait dès le premier tour près de 60 % des voix et remporté les trois sièges de conseillers de Paris. En 1989, au deuxième tour, nous avons fait plus de 66 % des voix et gardé les trois sièges de conseillers de Paris. Cette fois-ci, au deuxième tour, la gauche affiche plus de 68 % des suffrages et la droite n’a plus un seul conseiller de Paris…

Évidemment, heureusement, dans un certain nombre de villes, l’équation personnelle des maires sortants comme Alain Juppé à Bordeaux, ou Jean-Claude Gaudin à Marseille, leur a permis de résister au courant. Il y a même une dizaine de cas où des villes de plus de 20 000 habitants avec des municipalités sortantes de gauche ont été enlevées, parfois dès le premier tour, par des conquérants de droite. Car, selon certaines études, les considérations d’ordre local, ou portant sur la qualité des candidats, en particulier leur charisme, représentent 80 % des motivations des électeurs, tandis que 20 % ressortissent à des considérations de politique générale. 20 % seulement, qui, dans le cadre d’un raz-de-marée suffisent à expliquer les déplacements constatés qui font qu’aujourd’hui la gauche détient, en France, le quasi-monopole des pouvoirs territoriaux…

Que s’est-il donc passé, disons depuis 1983, année d’une élection municipale marquée par un grand chelem à Paris, une victoire à Lyon, et un raz-de-marée à droite sur l’ensemble du pays ?

Il s’est passé que si la droite, à différentes reprises, a obtenu de beaux succès au niveau national, par exemple, en 1986 puis, à trois reprises, aux élections présidentielles de 1995, de 2002 et de 2007, elle l’a dû à la supériorité intrinsèque de ses candidats, tour à tour Jacques Chirac puis Nicolas Sarkozy.

Mais il s’est aussi passé, dans le même temps, que la droite a sans cesse reculé au plan idéologique. Elle a contribué autant que la gauche, si ce n’est plus, à enfoncer le pays dans toujours plus d’État-providence. Personne n’a oublié que si Nicolas Sarkozy s’est fait élire avec un discours empruntant beaucoup de termes à la droite de conviction, il a cru devoir y ajouter la promesse de mettre en œuvre un fumeux « droit opposable au logement » et aussi ce qui devient aujourd’hui, le RSA, « revenu de solidarité active », nouvelle boîte de pandore des finances publiques, destinée à remplacer, en beaucoup plus coûteux, le triste RMI…

La droite peut se vanter d’avoir gagné au cours de cette période de belles batailles, mais comme elle n’a cessé de reculer au plan idéologique, elle ne peut que perdre la guerre. Ce qui justifie qu’elle soit toujours désignée comme une « fausse droite ».
Dans ces conditions, le Président de la République est dos au mur. Dans un contexte économique mondial qui tourne à la crise générale. Là se trouve, paradoxalement, une nouvelle chance pour le chef de l’État : s’appuyer sur cette situation pour engager la réforme des finances publiques, devant laquelle il avait reculé jusqu’à présent, et qui est la réforme essentielle, celle dont toutes les autres dépendent.

(4500 signes)

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Liberté d’opinion : l’autre régression française…

Posted by alaindumait sur 12/03/2008

J’ai fait mes premières armes, comme journaliste, sous l’autorité de Jean Loustau-Chartez, qui, vingt ans plus tôt, pour avoir appartenu à la Waffen SS, s’était retrouvé, condamné à mort, à la prison de Fresnes, les fers aux pieds, pendant de longs mois. Son patron, qui m’avait recruté, Raymond Bourgine, était un ancien de la 1ère armée française…

C’était en 1970. La justice était passée. L’esprit de la résistance, l’idéologie des vainqueurs de 1945 dominaient déjà largement le paysage politique, culturel et intellectuel. Mais la liberté d’expression existait encore. Louis-Ferdinand Céline était mort en 1961, mais il continuait à être réédité. MêmeLucien Rebatet, également condamné à mort et gracié, qui vivait encore (décédé en 1972), sera réédité jusqu’en 1991.
La liberté d’expression avait pour seule limite l’apologie des crimes. On ne déniait à personne la liberté de penser différemment de la majorité… Les braises de la 2ème guerre mondiale étaient encore tièdes. Pourtant, la parole et la pensée sur cette période étaient beaucoup plus libres. L’édition et la presse avaient su réintégrer les anciens « collabos ».

Aujourd’hui, le paysage a bien changé. J’ai vécu, à la télévision, en 1977, l’ouverture des rédactions, sur ordre de l’Élysée, à des journalistes ayant leur carte du parti communiste. Pour la plupart, ils y sont toujours. Imagine-t-on Nicolas Sarkozy donnant des consignes pour intégrer des rédacteurs qualifiés d’extrême droite ? Il suffit d’exprimer cette idée pour en mesurer l’incongruité. Et pourtant, après avoir pillé le programme du Front National, n’aurait-il pas été judicieux qu’il apporte une contribution déterminante de cette nature à la réintégration dans le concert de la nation de cette famille politique, qui pèse un certain poids, et dont la légitimité historique en vaut bien d’autres ?…

Un cordon sanitaire a été constitué entre les rédactions de tous les médias et les idées réputées de droite. Les soi-disant débats, dont les radios et les chaînes TV sont friandes, sont à 99 % endogènes. Sauf « outing », toute personne ayant frayé aussi peu que ce soit avec le Front National, n’a plus aucune chance d’être éditée ou publiée. Même sa famille devra utiliser des noms d’emprunt. J’ai des cas précis à l’esprit…

Cette évolution est spécifique à la France. Dans le même temps, en effet, la Cour européenne des droits de l’homme a bâti toute une jurisprudence destinée à protéger l’expression des pensées et des points de vue minoritaires. Mais l’oligarchie française s’en fout ! 
Des gouvernements sous influence communiste ont, ici, dans les années quatre-vingt, mis au point une police de la pensée, et les tribunaux l’appliquent, avec zèle !

Il y aurait de quoi rire si ce n’était tragique à la lecture du jugement de la XVIIème Chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Paris, condamnant lourdement le 8 février dernier à la fois Jean-Marie Le PenJérome Bourbon, journaliste et Camille-Marie Galic, directrice du journal Rivarol, parce que le premier avait estimé, à la fin d’une interview publiée le 7 janvier 2005, et qui ne portait d’ailleurs pas sur ce sujet, que « l’occupation allemande n’avait pas été particulièrement inhumaine ». Ce qui est une opinion, d’ailleurs partagée par la plupart des historiens sérieux, auxquels il n’a pas échappé, par exemple, que le nombre de juifs exterminés en Pologne ou même aux Pays-Bas a été sans commune mesure plus élevé qu’en France.

Vingt jours plus tard, c’était au tour de Bruno Gollnisch d’être condamné en appel pour « contestation de crimes contre l’humanité », alors qu’il avait pris soin de reconnaître la Shoah comme un crime contre l’humanité, ce qui est une évidence…

On ne peut comprendre ces jugements sans les situer dans une perspective de persécution permanente, qui en est arrivée à poursuivre, au-delà de l’expression des opinions, les non-dits qu’ils soupçonnent.

Si les cendres de la dernière guerre mondiale constituent le terrain favori des censeurs, il y en a beaucoup d’autres. Y compris au plan politique et économique. En regardant bien on pourrait en relever un quasiment chaque jour !

Considérons par exemple cette affaire déclenchée par l’achat par le fisc allemand d’un listing de contribuables de différents pays titulaires de comptes au Liechtenstein. Je n’ai trouvé un point de vue en défense de cette principauté où le revenu par habitant est quand même deux fois et demi celui de la France, que dans « L’Ami Hebdo », édité à Strasbourg, d’ailleurs sous la plume d’un ancien de « Valeurs », écrivant sous un pseudo…

(4500 signes)

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