Le Journal d’Alain Dumait

Un autre regard sur la crise

Archive for octobre 2008

Sauver la France plutôt que les banques !

Posted by alaindumait sur 28/10/2008

Vous n’êtes peut-être pas encore tout à fait au point concernant les CDS, les CDO, les ABS, les ABX, les CLN, les SPV, et autres acronymes anglosaxons, ainsi que leurs variantes, désignant toutes sortes de produits financiers qui, apparemment, plombent toujours le bilan des banques et des compagnies d’assurances.

Vous avez certainement tort puisque le volume des seuls CDS, plus ou moins toxiques, s’élèvent a quelque 63 000 milliards de dollars soit 10 fois le PIB mondial ! (et beaucoup plus que toute la capitalisation mondiale de l’ensemble des actions et obligations cotées, au cours actuels…) De quoi paniquer… Mais vous êtes excusables parce que les dirigeants des établissements concernés eux-mêmes ne savent toujours pas très bien ce qu’il y a dans leurs bilans… Si bien que les pertes et provisions qui devront être passées par les banques sont évaluées actuellement dans une fourchette comprise entre 500 et 5 000 milliards de dollars.

Si on se retrouve dans la fourchette basse, les plans Paulson et autres plans européens ont des chances de pouvoir enrayer la panique. Mais si c’est plutôt la fourchette haute, tous les plans étatiques seront emportés, et la crise se transformera en désastre.

Aujourd’hui, force est de constater que les marchés, seul véritable pouls de l’opinion, ne semblent avoir aucune confiance dans les initiatives des pouvoirs publics.

Alan Greenspan, qui a régné sans partage pendant 18 ans à la tête de la Federal Reserve, a indiqué qu’il avait sans doute eu tort de ne pas réglementer les « credit default swaps » (CDS), dont le volume d’encours a été multiplié par dix depuis quatre ans. Mais on peut dire aussi que des banquiers moins technocrates et plus responsables auraient été les premiers à se méfier de tous ces sigles…

Le choix principal des autorités gouvernementales du monde entier, après la déconfiture, le 15 septembre 2008, de Lehman Brothers, a été de garantir à tour de bras aussi bien les dépôts des épargnants que les actifs et les engagements des établissements concernés, et même l’existence de ceux-ci. Ce qui revient à les faire échapper à la loi commune sur les sociétés, qui exige qu’on se déclare en cessation des paiements quand on ne peut plus faire face à ses échéances.

C’est évidemment une décision extrêmement grave. Elle ne pourra se justifier, a posteriori, que si l’histoire lui donne raison. Mais rien n’est moins sûr.

On a voulu, dit-on, éviter tout effet domino, ou systémique. On peut le comprendre. C’est même louable. A condition que nos politiciens hyperactifs ne soient pas tout simplement des apprentis sorciers.

Car même le crédit d’un Etat a des limites par les temps qui courent, et en a d’ailleurs toujours eu dans l’histoire. L’Islande, la Hongrie, l’Ukraine, la Géorgie sont officiellement en faillite, i.e. : ils ne peuvent plus faire face à leurs échéances. N’ayons pas la cruauté de parler de la plupart des pays d’Afrique et même d’Amérique du Sud. Mais il se murmure aussi que l’Italie ne trouve plus à emprunter qu’auprès des Chinois pour refinancer sa dette… Or un pays comme la France, avec la dette extérieure qui est déjà la sienne, doit emprunter chaque jour ouvrable quelque 5 milliards d’euros pour refinancer la partie de sa dette qui vient à échéance. Pour l’instant il semble qu’elle y arrive, et que les préteurs ne lui manquent pas. Mais tout peut changer, du jour au lendemain. Pour nous, comme pour tout autre pays. C’est le risque majeur, dit souverain : le cas où les épargnants du monde entier – chinois en particulier – refuseront de prêter, même aux Etats…

On n’en est pas là, mais on s’en rapproche un peu plus chaque jour, en tout cas à chaque fois que les bourses mondiales perdent 5 ou 10% en une seule séance…

Même en période de crise grave, il faut rester lucide et pragmatique. La seule justification à ce délire d’interventions financières publiques ne peut être que son résultat : stopper la panique et remettre le système (ancien) sur les rails. Pour l’instant, c’est inopérant. Et, si on s’obstine, nous aurons la pire des catastrophes systémiques la faillites des Etats, qui est d’ailleurs déjà inscrite dans leurs comptes.

Et tout ça pour avoir voulu éviter le dépôt de bilan de quelques établissements, dont l’écartement aurait été plus efficace pour redonner confiance, que la distribution indistincte de cette manne, qui ne permet plus à personne de savoir qui est encore en bonne santé ou pas.

Quoi qu’il arrive, demain, on aura davantage encore besoin de champions. Pas de canards boiteux !

 

(4500 signes)

 

 

 

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Ce qu’un gouvernement sérieux ferait…

Posted by alaindumait sur 26/10/2008

Nous sommes en récession. C’est officiel. Les revenus des Français vont donc baisser, le chômage va augmenter, les entreprises vont réduire leurs investissements.

La croissance est derrière nous. Tout le monde est d’ors et déjà plus pauvre (même ceux qui n’avaient rien en bourse…). Le bout du tunnel n’est pas à horizon prévisible. Tels sont les faits, au-delà des débats – d’ailleurs passionnants, que nous souhaitons nous-mêmes alimenter – qui s’imposent à tout observateur, même non économiste.

Immédiatement, ménages et sociétés s’organisent pour faire des économies et se constituer des réserves, pour passer cette épreuve. C’est le bon sens. Ils réduisent leurs dépenses, suppriment ce qui est possible et sursoient au superflu. En attendant des jours meilleurs.

A entendre le gouvernement, il conviendrait que l’Etat fasse exactement l’inverse et ne cherche surtout pas à s’adapter à la situation.

Ses recettes vont diminuer. C’est évident. Le rendement de chaque impôt sera moindre, que ce soit la TVA, l’IRPP, l’IS, l’ISF ou même les droits d’enregistrement.

Le bon sens commande qu’il révise à due concurrence le montant de ses dépenses, pour ne pas augmenter un déficit qu’il aurait dû depuis longtemps supprimer.

Qui ne voit que les règles sur la base desquelles le budget pour 2009 est bati sont plus qu’irréalistes ? Que le résultat est surréaliste ?

Il le serait déjà un peu moins si les dépenses de l’année n (en l’occurrence 2009) étaient financées non pas avec les recettes de l’année n, mais avec celles l’année n – 1.

Début novembre 2008 on a une assez bonne idée de ce que seront les recettes de l’Etat pour l’année en cours. La prudence voudrait qu’on ne dépensât point davantage en 2009. C’est ce que ferait un gouvernement sérieux.

(1800 signes)

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Non au monopole d’émission de la monnaie !

Posted by alaindumait sur 22/10/2008

Contre toute évidence, Nicolas Sarkozy, comme tous les autres étatistes, impute la responsabilité de la crise à une insuffisance de la régulation par les États et les organismes internationaux.

 

En toute logique, il propose donc un plus strict encadrement des opérations financières et un renforcement de la coopération internationale. On n’est pas loin de l’idée d’un gouvernement économique mondial. Pourtant, un tel projet serait aussi funeste qu’il l’était à la fin du xviiie siècle, quand Emmanuel Kant rédigeait son projet de « traité de paix perpétuelle » et évoquait les risques despotiques d’un pouvoir universel…

 

Depuis 250 ans, pour l’essentiel, tout l’acquis de la science économique tient en un seul mot « concurrence ». D’ailleurs, à de rares exceptions près, chacun en convient, même les ennemis de la liberté, ceux-ci voulant juste, disent-ils, introduire de la soi-disant sécurité, des pseudo-garanties, des limites et quelques exceptions…

 

C’est dans ce contexte que la concurrence entre agents économiques est devenue, de nos jours, universellement, « libre », mais « encadrée » : l’établissement professionnel est soumis à des diplômes et des qualifications, tandis que, par exception, certains secteurs et certaines activités échappent à ce principe universel de la libre concurrence.

 

Si bien qu’aujourd’hui, si l’on considère l’ensemble des activités économiques, en France comme ailleurs, elles se retrouvent soumises à un couple de forces antagoniques faisant intervenir une part de libre concurrence et une part de contrôle public. Aucune activité ne bénéficie d’une concurrence pure. Mais certaines sont plus libres que d’autres…

 

Les activités liées à la monnaie font partie, depuis longtemps, des plus réglementées. Car longtemps l’émission de la monnaie fut tenue pour un pouvoir régalien légitime. Cela se dit encore. Mais il n’y a strictement aucune raison pour que la monnaie, les activités de banque et les services financiers, comme toutes les autres activités économiques, ne soient pas plus efficaces dans un bain de concurrence que dans celui d’une tutelle étatique.

 

Rien ne s’y oppose, si ce n’est la volonté des hommes de l’État, non pas de servir au mieux leurs concitoyens, mais plutôt de conserver dans leurs mains les rênes d’un pouvoir, qui pourtant les dépasse. Une monnaie mondiale serait une catastrophe. L’euro a surtout servi de prétexte au laxisme des États. Et les banques centrales, Fed ou BCE, ont fait beaucoup pour favoriser la crise. En gérant avec brutalité leurs monopoles d’émission.

 

En vérité, personne ne connaît les bonnes règles de gouvernance d’un monopole d’émission monétaire. Les économistes libéraux les plus accommodants avec le système de notre économie mixte – tel Milton Friedman – plaidaient pour qu’on ait au moins une politique monétaire stable, tant du côté des taux d’intérêt que de la progression de la masse monétaire. Mais les plus radicaux des penseurs libéraux – tel Hayek – adhéraient au principe de la libre concurrence entre les monnaies.

 

Ce débat n’est pas académique. La politique de la Fed, suivie par presque toutes les autres banques centrales, est directement à l’origine de la crise économique actuelle. Elle a été laxiste sur le long terme, encore plus laxiste après le 11 septembre 2001 et subitement restrictive début 2007. D’où le retournement du marché de l’immobilier, l’éclatement de la bulle et la catastrophe des subprimes. Pour éviter que cela ne se reproduise, faut-il conserver ces monopoles, ces tendances à la concertation mondiale permanente, ou, au contraire, leur tourner le dos ? Il me semble que la réponse est évidente : il convient de laisser jouer beaucoup plus de concurrence au sein de la sphère financière.

 

Il n’y a aucune raison pour que les affaires financières soient systématiquement mondialisées. Un système où l’épargne remplacerait le crédit pourrait être largement décentralisé. Car l’épargne renvoie à la proximité, tandis que le crédit renvoie à la sécurité, qui mène à la centralisation.

 

De toutes les façons – comme le reconnaît lui-même Nicolas Sarkozy –, rien ne sera plus demain comme avant. Il s’imagine qu’un aréopage de technocrates, choisi parmi ceux qui sont les responsables directs de la crise, saura demain gérer la sphère financière de façon plus raisonnable. C’est du mauvais constructivisme. Il vaudrait mieux faire confiance à d’autres acteurs : les banques qui n’ont pas succombé aux dérives des subprimes, les agents économiques dont le développement s’appuyait sur leur épargne. Et des économistes indemnes du virus de la pensée unique !

(4500 signes)

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Les véritables origines du krach financier du siècle

Posted by alaindumait sur 15/10/2008

On nous serine que la crise que nous connaissons est de la faute à la déréglementation, à l’ultra-libéralisme et au capitalisme débridé… Mais c’est le plus gros des mensonges proféré en ce moment par la classe parlante ! Dans le même temps, chacun reconnaît pourtant que l’élément déclencheur a été cette affaire de crédits « subprime » (traduction française : « sous-excellents », euphémisme qui désormais voudra dire « pourris »…)

 

Ces « subprime », crédits à taux variables et progressifs – d’abord en dessous du prix du marché, les deux premières années, puis ensuite de plus en plus chers, et sur l’ensemble de la période du prêt, d’un taux moyen plus élevé d’environ 2 % que le taux du marché – ont été accordés aux familles à faibles ressources, appartenant pour la plupart aux minorités ethniques, noires ou hispaniques, qui n’avaient aucune chance de pouvoir rembourser, sauf à espérer que les prix de l’immobilier, qui avaient déjà augmenté aux États-Unis de 100 % entre 1996 et 2006, continuent à monter jusqu’au ciel.

 

Quelque trois millions de ces prêts ont été souscrits. Ce qui représente aujourd’hui, avec un prêt moyen à 500 000 $ par famille, un encours de l’ordre de 1 500 milliards de dollars !

 

Les banquiers qui ont accordé ces prêts à des familles insolvables étaient-ils fous ? Bien sûr que non ! Ils sont lâches et cupides, mais pas fous ! Ils ont simplement obéi aux injonctions du gouvernement américain, qui prétendait non seulement favoriser l’accession à la propriété des minorités ethniques, lutter contre les discriminations, mais qui disait aussi garantir le système !…

Ils ont agi en application de lois.

 

Chacun connaît la suite : le marché immobilier s’est retourné à la mi-2007, Fannie Mae et Freddie Mac ne pouvaient plus suivre et honorer leurs garanties hypothécaires. L’État fédéral nationalisa ces bras armés de sa propre politique.

 

Mais, entre-temps, les prêts pourris, censés rapporter 2 % de plus que le taux moyen du marché, ont été titrisés, vendus et revendus dans des fonds, selon des techniques connues sous différents acronymes, sous formes de produits que des centaines de banques se sont littéralement arrachés. L’encours de ces produits dérivés semble quatre à cinq fois plus élevé que celui des subprime…

 

Quand il fut avéré que les prêts étaient pourris, les banques ont réalisé que les produits dérivés l’étaient aussi. Les banques détentrices ont dû – en application de leurs règles comptables – passer des provisions de plus en plus importantes, réduisant ainsi leurs fonds propres et leur capacité à faire face à leurs obligations, ou tout au moins à prêter.

 

La confiance a fait place à la méfiance, la méfiance à la panique, la crise financière à la crise économique. C’est l’écroulement, sous nos yeux, de la planète finance… Et l’élément déclencheur n’est absolument pas la déréglementation, l’ultra-libéralisme ou le capitalisme débridé, mais au contraire, très précisément, l’intervention politique dans la sphère financière, au nom de l’aide aux plus démunis et la lutte contre les discriminations. Le responsable direct de la crise, c’est la politique dite du logement social, et la forme particulièrement perverse qu’elle a prise aux États-Unis. Chapitre sur lequel nous n’avons d’ailleurs certainement pas de leçons à leur donner !…

 

Mais, il faut noter que les produits dérivés issus de ces subprime se trouvent pour une bonne moitié dans les portefeuilles des banques européennes. Et elles, rien ne les obligeait à y souscrire, sauf les fameux 2 % de rendement en prime !…

 

Les subprime, dans le contexte d’une politique de logement social et de discrimination positive, sont l’élément déclencheur. Mais les racines du problème résident dans l’augmentation excessive de la masse monétaire depuis 30 ans, et plus particulièrement depuis 2001 (après le 11 septembre), et donc des contreparties de cette émission que sont les encours de crédits aux particuliers, aux entreprises et aux collectivités publiques. Cette masse monétaire, et ces crédits, aux États-Unis comme en Europe, ont augmenté trois fois plus vite que la richesse des pays considérés. + 50 % dans la zone euro entre 2002 et 2007 ! Ce n’est tout simplement pas sérieux. Et on a prêté à des impécunieux : des familles à faibles revenus, des entreprises petites ou naissantes, des États mal gérés…

 

Bien sûr que la cupidité des dirigeants de certaines banques a joué son rôle, tout comme la financiarisation extravagante des produits financiers. Mais cette crise est au départ et avant tout une crise de l’État-Providence. Évidemment très mal placé aujourd’hui pour jouer les pompiers-pyromanes…

(4500 signes)

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Crise mondiale 2008 : il faut réhabiliter l’épargne !

Posted by alaindumait sur 01/10/2008

Le système bancaire mondial vacille. Cela a commencé en février 2007, avec la faillite de New Century Financial. Cela a continué avec les banques hypothécaires (Freddie Mac et Fannie Mae…), puis les banques d’investissement américaines…

À l’origine de ce séisme : le retournement des prix sur le marché de l’immobilier. On a alors pris conscience que plusieurs millions de prêts avaient été accordés à des emprunteurs dont la solvabilité ne reposait que sur une éventuelle poursuite de la hausse des prix.
 Ce sont les fameux « subprimes », accordés à des emprunteurs présentant de faibles garanties.

On a surtout découvert que ces crédits douteux avaient été mis dans des fonds, puis titrisés et placés sur le marché financier à des centaines et sans doute des milliers d’établissements. Et de façon si peu transparente qu’aujourd’hui encore, la plupart des banques ne connaissent pas exactement leur exposition.

La méfiance est devenue générale. Les banques ne se prêtent plus d’argent entre elles. Et, tous les matins, s’attendent à ce que leurs clients épargnants viennent retirer leurs sous, certains pour acheter de l’or, qu’on ira cacher au fonds du jardin, comme certains banquiers suisses le recommandent à leurs clients !

Seules les banques centrales, qui, aux États-Unis comme en Europe, détiennent le monopole de l’émission de la monnaie, acceptent encore de prêter, et généreusement.

Selon des modalités qui ne sont pas encore tout à fait définies au moment où nous écrivons ces lignes, le Trésor américain est prêt à racheter jusqu’à 700 milliards de dollars de produits financiers issus directement ou indirectement de ces subprimes et devenus toxiques.

À partir de là, et depuis le 22 septembre, la solidarité de place – aux États-Unis et maintenant en Europe – s’organise. Les activités de Washington Mutual ont été reprises sans délai et les gouvernements concernés sont au chevet de Fortis. D’autres établissements vont devoir trouver des partenaires et même se vendre pour un prix dérisoire, mais le risque majeur, systémique, qui concernerait toutes les banques, semble aujourd’hui écarté.

L’incendie a été noyé par les quantités de crédits déversées par les banques centrales et le Trésor US. Les flammes semblent éteintes. Beaucoup de fumées s’échappent encore du brasier, un retour de flamme n’est pas impossible, mais la phase « financière » de la crise semble en voie d’extinction. Reste la crise « économique », car, dans un incendie, c’est quand les flammes s’éteignent qu’on commence à voir l’étendue réelle des dégâts. Et ils sont gigantesques

Quand les banques américaines auront apporté leurs créances pourries au fonds créé par le Trésor américain, elles en seront certes débarrassées, mais au prix d’une forte diminution de leurs fonds propres, qui déterminent leurs capacités à consentir des crédits. Si l’on ajoute à ce facteur technique la méfiance que ne manqueront pas d’avoir pour ce secteur les éventuels investisseurs, on peut estimer que la délivrance de nouveaux crédits, au niveau mondial, va sans doute diminuer de moitié aux cours des deux prochaines années. Nous sommes donc au début d’un processus d’étranglement de l’économie par le rationnement du crédit.

Dans ces circonstances, comme d’habitude, et de toutes parts, montent vers le ciel, toutes sortes de demandes de nouvelles interventions publiques, au nom d’une nécessaire « régulation
 », avec l’argument de la sacro-sainte « transparence ». On dit et on répète que les banques américaines, par rapacité, ont échappé à tout contrôle. Mais c’est faux ! Freddie Mac et Fannie Mae n’étaient rien d’autre que des organismes sous contrôle de l’État fédéral. Quant aux autres établissements impliqués dans les subprimes, ils n’ont fait que se conformer à une politique publique, tendant à encourager l’achat de biens immobiliers par des catégories insolvables. Comme chez nous, quand notre président prétendait faciliter l’accès aux crédits immobiliers pour tous, avec la garantie de l’État…

Quant à l’extension de la crise sous l’effet de la titrisation des subprimes, placés dans des produits non cotés et dont les risques étaient même hors bilan, elle renvoie à la financiarisation de l’économie, qui elle-même renvoie à la préférence généralisée pour le crédit.
Reconstruire un nouveau système financier avec davantage de réglementations – toujours insuffisantes et pleines de contradictions – ne résoudrait la question que provisoirement. La vraie révolution, qui garantirait le retour à une prospérité durable sur des bases assainies, consisterait à remplacer la fausse valeur « crédit » par la vraie valeur « épargne ». En commençant, en France, à ne plus matraquer celle-ci !

(4500 signes)

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